lundi 1 décembre 2008

SRPV - ORP

Aujourd'hui je viens de découvrir le Service Régional de la Protection des Végétaux (SRPV). Avec un tel nom, je pensais découvrir un organisme chargé de protéger la nature, les fleurs et les arbres et toutes ces plantes que l'on trouve encore dans nos campagnes. Impatient de connaître leurs actions en faveur de la biodiversité et du maintien d'espèces protégées ou en voie de disparition, je me suis donc rendu sur leur page de présentation et là, quelle ne fut pas ma surprise de voir que sous cette dénomination alléchante de "service de protection des végétaux", se cachait en fait un organisme de l'Etat (sous le contrôle de la Direction Régionale de l'Agriculture et de la Fôret, la Draf) dont la principale fonction est de contrôler l'état sanitaire des cultures, de répertorier les foyers d'invasion des insectes ou de propagation des maladies des végétaux. Bref, il s'agit d'un service destiné aux agriculteurs, semblable aux prévisions météorologiques, sauf qu'en consultant le SRPV, c'est l'évolution possible de la pression des insectes nuisibles et autres maladies que l'on connaît. Il s'agit donc d'une activité d'observation et de diagnostic, une sorte d'outil aux agriculteurs pour les aider dans leur prise de décision quant à aux produits phytosanitaires à utiliser, à quel moment et à quelle dose. En connaissant la localisation et la pression de tel ou tel parasite, l'agriculteur peut prévoir son plan de protection de ses cultures... et de ses rendements.
Ce service de l'Etat rentre parfaitement dans la tendance actuelle à observer, répertorier, noter, constater, surveiller, tracer (la fameuse traçabilité), etc. mais quant à agir concrètement.... C'est ce qu'on appelle "les bonnes pratiques agricoles", la "lutte raisonnée", "l'agriculture durable", etc. Continuons comme avant mais écrivons-le, pour mémoire... Il s'agit simplement de savoir quelle quantité de pesticide l'agriculteur déverse dans ses champs. Nos ancêtres agriculteurs auraient-ils eu de "mauvaises pratiques agricoles", auraient-ils pratiqués la "lutte folle" et "l'agriculture jetable" ? Je me questionne...

Ainsi, la DRAF, et plus particulièrement, le SRPV, ont pour mission "d'informer sur la réglementation en agriculture et sur les mesures pour mettre en oeuvre les produits en respectant au mieux l'environnement et assurer la sécurité alimentaire des consommateurs". Ce que j'aime dans leur discours c'est le "au mieux": faudrait pas trop en faire non plus ! Quant à la "sécurité alimentaire", véritable dictature de la propreté, je me suis laissé dire que c'était justement les produits chargés de protéger les végétaux qui étaient responsables des pollutions et autres problèmes de santé.... Le serpent se mordrait-il la queue ? Autrement dit, le SRPV met à la disposition des utilisateurs des "produits de protection des cultures" (les pesticides) la législation concernant les spécialités chimiques autorisées, sur quelle culture, à quelle date avant récolte, à quelle dose d'emploi, etc. Il explique comment pulvériser l'insecticide, fongicide ou autre herbicide destiné à protéger les végétaux (les cultures) des insectes, des champignons et des herbes, dans le respect de l'art. Bref, le SRPV est là pour encadrer l'utilisation de ces produits et pour conseiller l'utilisateur. Actuellement, leur cheval de bataille, ce sont les LMR, les limites maximales de résidus.... de pesticides sous/bien-entendu. Où il est question de seuil de toxicité, d'accumulation et de mélange de tous ces produits. Encore une fois légiférer sur les limites à ne pas dépasser (pour avoir de bonnes pratiques agricoles, promouvoir le développement durable et l'agriculture raisonnée) revient à reconnaître et à assumer qu'aujourd'hui les agriculteurs utilisent des produits phytopharmaceutiques toxiques pour l'environnement et la santé et pour certains concérogènes et tératogènes.

Autre service de l'Etat, même leurre : l'observatoire des résidus de pesticides (ORP - encore un sigle !). Là aussi je pensais trouver un organisme chargé d'avertir les populations quant aux dangers des pesticides et de mettre en place une politique tournée vers l'arrêt de l'utilisation de ces produits, la promotion d'alternatives, et pourquoi pas l'agrobiologie, etc. Encore une fois, quelle désillusion ! Je retrouve les mêmes termes creux qui ne font que constater un état de fait, de prendre note, d'étudier, d'analyser, d'observer, de rassurer en quelque sorte. Leur slogan pourrait être : Vous polluez avec vos pesticides, ne vous cachez plus, on le sait, alors dite-le nous, on vous aidera à continuer !" L'observatoire a pour mission de "gérer les risques". Son plan d'action consiste, une fois encore, à permettre que l'on continu à utiliser des produits chimiques toxiques pour l'environnement et la santé tout en encadrant, en légiférant, en "raisonnant", ces mêmes pratiques qui continuent de perdurer. L'ORP qui, apparemment se concentre sur les pesticides qui polluent la Guadeloupe, avec l'aide du Groupe Régional d’Etude sur les Produits Phytosanitaires (GREPP) et du Groupe REgional PHYtosanitaire (GREPHY) évaluent les risques, dans un premier temps, puis, dans un second temps, gèrent les risques. Et la Guadeloupe continue d'être polluée. Mais soyez rassurés, maintenant, l'Etat le sait, nous sommes en sécurité, l'administration gère ! Toute cela à coup de millions d'euros de subventions, d'aides et autres frais de mise en place de toutes ces structures administratives.

La pollution de la Guadeloupe par les pesticides est le fait du chlordécone (porte bien son nom celui-là), un oraganochloré, aujourd'hui interdit. Utilisé depuis 1972, une commission d'enquête s'apperçoit subitement que ce produit est nocif en 1989; le retrait d'homologation se fait en 1990, l'autorisation de continuer à polluer jusqu'en 1992 (le temps que l'on transcrive la directive européenne dans le droit français, et qu'accessoirement, on écoule tous les stocks de ce produit, sans avoir à payer pour s'en débarrasser); des dérogations jusqu'en 1993 pour motif économique (les entreprises qui recouvrent leurs bananes avec du chlordécone ayant essuyé des attaques de charançons noirs contre lequel est censé lutter ce produit, ne pouvaient économiquement employer un substitut car étant moins efficace !!!) Bref, comme toujours, on préfère l'intérêt financier à l'intérêt écologique. Il aura quand même fallu 5 années pour mettre un terme à l'utilisation de spécialités contenant le chlordécone, 5 années pendant lesquelles on a pu continuer à déverser le polluant sur les bananes !

Pour finir j'ai voulu en savoir plus sur les spécialités contenant le chordécone. Je suis donc allé sur le site de référence en la matière - e-phy - mais la fiche sur cette substance est vide. Bien qu'effectivement l'usage ne soit plus autorisé, il l'a été pendant plusieurs années. D'autres substances comme le Carbendazime, non-autorisé en France, dont l'usage à été refusé par l'Etat, ont pourtant leur petite fiche bien remplie...

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