samedi 5 octobre 2013

Du chou à la vache

Comment une petite recherche sur internet nous emmène d'un insecticide pour chou-fleur à la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Le lien : les sociétés de produits chimiques qui tiennent entre leurs mains l'ensemble de la chaine :


  • agrochimie pour le secteur des végétaux (semences ogm, insecticides, régulateurs de croissance, fongicides.... bref pesticides)
  • agrochimie pour le secteur des animaux (vaccins, hormones de croissance, médicaments)
  • pharmacie (vaccins, médicaments)
Comment on nous empoisonne depuis les semences, en passant par les produits de protection des plantes (PPP), autrement dit les pesticides, l'alimentation animale et les produits administrés aux animaux; jusqu'aux médicaments distribués cette fois-ci aux hommes pour les soigner de tous les produits toxiques précédents.

EXEMPLE:

On part du constat, qu'il est possible de se passer des produits issus de l'agrochimie et qui nuisent autant à l'environnement (les eaux, les insectes, la terre...) qu'aux êtres humains. Tout monde connaît les effets nocifs des pesticides; les autorités ont finit par le reconnaître, tardivement et timidement, preuve en est le plan écophyto 2018. Ainsi l'Etat s'enorgueillie d'être le garant de la sécurité des populations:
  • "L'Etat a allié outil réglementaire et concertation en associant l'interprofession viticole à la rédaction d'un arrêté préfectoral limitant les transferts vers les eaux des produits utilisés pour la protection de la vigne."
  • "Si l'utilisation de ces produits apporte des bénéfices pour les systèmes agricoles, elle peut néanmoins être à l'origine d'effets négatifs pour la santé humaine et pour l'environnement. Aussi, le Service Régional de la Protection des Végétaux (DRAF-SRPV), garant de qualité sanitaire des filières végétales de la région, accentue ses actions visant l'adaptation des pratiques agricoles au contexte phytosanitaire."
  • "Contrôler le respect de la réglementation chez les applicateurs et les distributeurs de produits phytosanitaires. Cette mission, basée sur une évaluation du risque, est un bon outil de prévention et d'élimination des mauvaises pratiques, notamment sur l'utilisation des produits phytosanitaires"
  • "Réaliser des essais officiels en vue de l'homologation des produits phytosanitaires, de la mise au point de méthodes de lutte et dans le cadre du suivi de ces produits après délivrance de l'homologation."
  • "Contrôler les Organismes Génétiquement Modifiés : essais et biovigilance."
Nous avons donc des produits de protection des plantes, des choux-fleurs en l'occurrence, aux noms barbares que l'on utilise encore aujourd'hui et en dépit de l'existence d'alternatives efficaces, pour des raisons...... pécunières !!


  • "...On constate qu’il existe au moins un produit phyto respectueux des auxiliaires pour chaque ravageur existant sur la culture du choux. Ainsi, qu’il s’agisse d’une attaque de mouche, d’altise, de puceron ou de chenille, il est possible de faire le choix de sauvegarder la faune auxiliaire.

    Contraste des prix
    Le gros point négatif de ce raisonnement est le prix, souvent beaucoup plus élevé, des produits commerciaux. [...], l’utilisation de ces matières actives sélectives des auxiliaires engendre des coût de traitement compris généralement entre 25 à 75 € de l’hectare. Sachant que le seul produit qui était encore abordable (15 €/ha), constitué de la molécule d’Esfenvalérate (Sumi Alpha), est depuis peu soumis à de nouvelles restrictions qui le rendent quasiment inutilisable. Ce constat vient en opposition avec le coût des interventions réalisées avec des substances non sélectives. Pour exemple, la Lambda-cyhalothrine (Karate), la Cyperméthrine (Cythrine L), la Deltaméthrine (Decis) ou encore d’autres pyrèthres, amènent à des coûts de traitement de l’ordre de moins de 10 à 20 € tout au plus de l’hectare.
    Dans l’objectif de répondre au plan Écophyto 2018, le monde légumier se voit donc dans l’obligation de trouver de nouvelles solutions, ou du moins de nouvelles pistes de travail. Même si ces nouvelles directions sont actuellement plus coûteuses, et donc en déphasage avec la situation économique des marchés légumiers, la situation est telle qu’il est nécessaire d’agir pour ne pas subir."
 
Si je comprends bien l'article, "le monde légumier" est bien embêté qu'on lui sucre tous ses produits chimiques si efficaces et si peu chers comme l'Esfenvalérate. "Le monde légumier" n'a pas trop envie de changer ses habitudes d'empoisonner terre et homme car "la situation économique des marchés légumiers" rend difficilement acceptable l'augmentation des couts de productions induite par une hausse des prix des produits phytosanitaires..... Les légumes seraient donc vendus à des prix de répondant pas aux couts réels de production ?? A combien estimez-vous la valeur d'une tète de chou fleur ?? Le prix des légumes peut-il être indexé sur le prix des pesticides ?
 
Je poursuit donc ma recherche, intrigué par ces noms de molécules actives, de synthèse, c'est-à-dire non présentes naturellement dans l'environnement. Le chou-fleur du supermarché du coin, si gros, si blanc, peut-il avoir été aspergé avec ce Esfenvalérate, aujourd'hui "soumis à de nouvelles restrictions"; c'est que ça ne doit pas être très joli joli tout ça.
 
Je me rend donc sur le site e-phy.agriculture.gouv.fr pour voir la fiche d'identité de l'Esfenvalérate:
Où j'en apprend de belles :
 
Phrases de risque/prudence/toxicologie:
Phrase de PrudenceSPE8DANGEREUX POUR LES ABEILLES
 YVOIR ARRETES APPROPRIES SUR LES CLASSEMENTS ET L'ETIQUETAGE POUR LES CONSEILS DE PRUDENCE
 SPE8POUR PROTÉGER LES ABEILLES ET AUTRES INSECTES POLLINISATEURS NE PAS APPLIQUER DURANT LA FLORAISON. NE PAS UTILISER EN PRÉSENCE D'ABEILLES
Phrase de RisqueR10INFLAMMABLE
 R41RISQUE DE LESIONS OCULAIRES GRAVES
 R20/22NOCIF PAR INHALATION ET PAR INGESTION
 R43PEUT ENTRAINER UNE SENSIBILISATION PAR CONTACT AVEC LA PEAU
 R65NOCIF : PEUT PROVOQUER UNE ATTEINTE DES POUMONS EN CAS D'INGESTION.
 R50/53TRES TOXIQUE POUR LES ORGANISMES AQUATIQUES, PEUT ENTRAINER DES EFFETS NEFASTES A LONG TERME POUR L'ENVIRONNEMENT AQUATIQUE.
Risque de ToxicologieXnNOCIF
 Ndangereux pour l'environnement




http://e-phy.agriculture.gouv.fr/spe/8700035-10338.htm
 
 
Mais qui fabrique cette molécule ?
Je poursuit ma recherche sur internet
 
  • "L'esfenvalérate est un insecticide de la familles des pyréthrinoïdes des synthèse. Il a été développé par Sumitomo Chemical."
  • "Son action de choc et sa persistance permettent de l'employer à faible dose (6,5 à 20 g/ha)."
  • "En viticulture le délai d'emploi avant récolte (DAR) est de 21 jours"
http://fr.wikipedia.org/wiki/Esfenval%C3%A9rate

C'est Sumitomo Chemical qui produit  l'esfenvalérate que je retrouve sur le chou-fleur du supermarché du coin.

Maintenant que ma curiosité est aiguisée je souhaite en savoir un peu plus sur cette société....
  • "Sumitomo Chemical est une entreprise japonaise qui fait partie de l'indice TOPIX 100. Ses activités principales sont la chimie et la pharmacie1."
http://fr.wikipedia.org/wiki/Sumitomo_Chemical

  • "Kichizaemon Sumitomo commença par des opérations dans la mine de cuivre de Besski en 1691. En 1934, Sumitomo Fertilizer Manufacturing Co ouvrit une usine de fertilisants et prit le nom de Sumitomo Chemical Co Ltd. En 1944, Sumitomo Chemical acquit Japan Dyestuff Manufacturing Company dont les activités s'étendaient de la chimie à la pharmacie. Sumitomo Chemical s'introduisait ainsi dans le secteur de la pharmacie. Après la seconde guerre mondiale, la pharmacie prit un grand essor par suite des accords de licence avec ICI, Upjohn, Smithkline Consumer Products, Medi-Physics et plus tard Wellcome. En 1984, Sumitomo Pharmaceutical Co, Ltd, est créé. Mais le groupe reste essentiellement un groupe chimique."
Sumitomo chemical est une entreprise prolixe : ses activités s'étendent de la pétrochimie et chimie de base, (chimie organique, chimie minérale, méthylméthylacrylate, produits optiques, aluminium, caoutchouc synthétique...) à la chimie de spécialités.

  • la chimie fine (teintures, intermédiaires organiques, matières premières pour les produits pharmaceutiques, caoutchouc organique, pigments, agents pour le traitement de l'eau, composants et matériels électroniques...),

  • l'agrochimie (insecticides, fungicides, herbicides, fertilisants, régulateurs de croissance...),

  • la pharmacie (médicaments, produits vétérinaires, réactifs pour diagnostics, produits pour les radios
"la pharmacie ne représentant que 15 % de son chiffre d'affaires" apprend-on. Et parmi les produits de pharmacie vendus par Sumitomo, on retrouve l'hormone de croissance :


  • "Le groupe doit faire face ,à partir du 1er janvier 199920, au retrait de la licence du Genotropin, une hormone humaine de croissance, licencié de Pharmacia & Upjohn et qui représentait 20 % environ du chiffre d'affaires du segment pharmacie. Mais cette décision ne devrait affecter que temporairement les ventes du groupe, puisqu'en janvier 1998, le Président Masayasu Tabenki annonça la vente probablement dès 1999, de deux hormones de croissance de Genentech (US) (le Nutropin et le Prolease) et une hormone humaine de croissance de Bio-Technology General Corp (US)."
http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http://www.industrie.gouv.fr/biblioth/docu/dossiers/sect/pharma/japon-11.htm&title=www.industrie.gouv.fr%20-%20Biblioth%C3%A8que
 
Comment produit-on l'hormone de croissance, à quoi ça sert ?

  • "L’identification, la purification puis la synthèse chimique de l’hormone de croissance sont liées à l’œuvre scientifique du biologiste Choh Hao Li. La société Genentech fut la première à distribuer de l'hormone de croissance humaine recombinée pour la thérapie en 1981. Antérieurement aux recherches sur l’ADN recombiné, on ne pouvait obtenir l’hormone de croissance nécessaire aux soins qu'en l’extrayant de la glande pituitaire de cadavres. Plusieurs tentatives pour fabriquer de l'hormone de croissance humaine avaient échoué, et la faiblesse des ressources entraînait la restriction des traitements aux cas les plus graves de nanisme[23], l’hormone de croissance d’autres espèces de primates s’avérant inopérante chez l’être humain"
  • "En 1985, des cas atypiques de maladie de Creutzfeldt-Jakob se déclarèrent chez des individus qui avaient bénéficié, dix à quinze ans auparavant, de traitement hormonal à base de prélèvements chez des personnes décédées. Se fondant sur l’hypothèse que les prions infectieux responsables de la maladie venaient de ces prélèvements, on retira du marché les produits correspondants[25]. La même année, l’hormone de croissance synthétique remplaçait ces médicaments aux États-Unis et en Europe de l’Ouest."
Et quels sont les risques liés à l'hormone de croissance :
  • contamination par des prions pathogènes (maladie de la vache folle)
  • Suspicion de légère toxicité de l'hormone biosynthétique recombinante



L'article de wikipedia est éclairant sur ce point.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Hormone_de_croissance#Risques_li.C3.A9s_au_traitement_par_l.27hormone_de_croissance

Et voilà, la boucle est bouclée. Du chou-fleur à la vache folle, la distance n'est pas si grande car ceux sont les mêmes sociétés qui contrôlent la totalité de la filière chimique : alimentation humaine et animale, soins apportés aux végétaux destinés à l'alimentation humaine, soins aux animaux et finalement soins aux êtres humains : ce sont les mêmes produits chimiques produits par les mêmes firmes....

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