dimanche 11 janvier 2009

BASALEX et KRESOMORPHE

Dans la série fongicide, je demande le Basalex, de la société BASF (encore elle !).
Le Basalex est une "préparation pharmaceutique" (un pesticide) composée par

Fenpropimorphe 150. G/L
Epoxiconazole 125. G/L
Kresoxim-méthyl 125. G/L

Les céréaliers peuvent l'utiliser en traitement des parties aériennes sur l'avoine, le blé, l'orge, le seigle et triticale contre les maladies à champignon comme l'oidium, la rouille ou la septoriose par exemple. S'il agit comme fongicide sur les cultures, le basalex n'en est pas moins dangereux pour la santé, si l'on en juge par la liste des risques que comporte ce produit :

- R62 RISQUE POSSIBLE D'ALTERATION DE LA FERTILITE
- R40 EFFET CANCEROGENE SUSPECTE : PREUVES INSUFFISANTES
- R63 RISQUE POSSIBLE PENDANT LA GROSSESSE D'EFFETS NEFASTES POUR L'ENFANT
- R50/53 TRES TOXIQUE POUR LES ORGANISMES AQUATIQUES, PEUT ENTRAINER DES EFFETS NEFASTES A LONG TERME POUR L'ENVIRONNEMENT AQUATIQUE.

Une importation parallèle au produit de référence Basalex, se nommant Kresomorphe (société Top SA), et dont la composition est, d'après le Ministère de l'agriculture et de la pêche, identique, comporte toutefois des phrases de risques différentes !

AQUA DANGEREUX POUR LES ORGANISMES AQUATIQUES.
R43 PEUT ENTRAINER UNE SENSIBILISATION PAR CONTACT AVEC LA PEAU
R48/22 NOCIF : RISQUE D'EFFETS GRAVES POUR LA SANTE EN CAS D'EXPOSITION PROLONGEE PAR INGESTION

Mais où sont donc passés les effets néfastes mentionnés pour le Basalex ? A composition identique, risques différents. Par exemple, là où le Kresomorphe est "juste" nocif (Xn), le Basalex est à la fois nocif (Xn) et dangereux pour l'environnement (N).

Quoi qu'il en soit de ces incohérences, les substances incriminées n'en sont pas moins nocives et dangereuses pour la santé. Juger des LMR (limite maximale de résiduelle = la quantité autorisée dans les produits destinés à la consommation que l'on peut retrouver lors des contrôles) pour le Fenpropimorphe. Par exemple, selon l'arrêté du 05 août 1992 relatif aux teneurs maximales en résidus de pesticides admissibles sur ou dans certains produits d'origine végétale modifié en dernier lieu par l'arrêté du 6 mai 2008, on peut retrouver jusqu'à 1 mg de Fenpropimorphe par kilo sur les fraises, les poireaux, 2 mg par kilo sur les bananes, etc... Pour le Krésoxim-méthyl, les LMR sont de 5 mg par kilo sur les poireaux (toujours selon le même texte de référence AF920805).
Mais soyons rassurés, l'Etat et ses spécialistes veillent. Il faut que les résultats de la surveillance soient communiqués toutes les deux campagnes pour vérifier si le produit est toujours aussi efficace. Parce que les champignons vont s'adapter et développer une résistance toute naturelle au fongicide qui l'agresse. C'est ce qu'on appelle la "gestion du risque de résistance." Tous les moyens sont mis en oeuvre pour satisfaire aux "exigences" (sic) de l'agriculture raisonnée. On raisonne... Pour éviter que les agriculteurs augmentent les doses de leurs produits pour pallier à leur baisse d'efficacité dû aux résistances développées par l'organisme à détruire, eh bien, l'Etat enregistre les données d'année en année pour mesurer l'évolution de l'efficacité du produit dans le temps. Et dans 10 ans, lorsqu'il faudra doubler les doses d'emplois pour parvenir au même résultat, les sociétés agrochimiques - BASF, Syngeta, DuPont, Monsanto et consoeur - mettront sur le marché une nouvelle substance, "encore meilleures". Voilà à quoi ressemble le développement durable.... du business agro-pharmaceutique, dont l'objectif n'est certainement pas de remettre en cause l'agriculture industrielle qui repose aujourd'hui entièrement sur les multinationales de la semence, des engrais et des pesticides.

Aucun commentaire: