lundi 18 janvier 2016

pulvé et capitalisme agricole

"Soigner et protéger les plantes pour mieux nourrir les hommes"
Non ce n'est pas le nouveau slogan de Pierre Rahbi, de Marc Dufumier ou des Bourguignon, mais bien celui de Exel industries, le groupe n°1 mondial des pulvérisateurs agricoles, vous savez, ces grosses libellules qu'on voit dans les champs, une traînée chimique derrière elles.
Pour bien que vous compreniez de quoi on parle, voici quelques exemples :




Voilà un bel exemple de greenwashing, car avec un tel slogan on pourrait se méprendre sur les produits que l'agriculteur incorpore à son pulvé... Mais non EXEL industries nous l'affirme :
Engrais, insecticide, fongicide, herbicide, régulateur de croissance, tels sont les médicaments qu’il faut apporter aux plantes, au bon moment et avec précision
Mais rassurez-vous, tous ces "médicaments" (sic), c'est :
pour améliorer leur rendement et assurer leurs qualités, tout en respectant l’environnement et en faisant réaliser aux agriculteurs des économies sur leur consommation de phytomédicaments.
 Si en plus, ça fait du bien au porte-monnaie ! Pourquoi s'en priver ?

L'agriculteur lambda qui souhaite s'acheter un nouveau pulvé (pour protéger l'environnement et pour faire des économies, si l'on suit le raisonnement de l'entreprise...) a le choix, comme tout consommateur que l'on respecte, entre plusieurs marques, plusieurs couleurs, plusieurs noms, plusieurs qualités, plusieurs fournisseurs de matériels.... J'en site quelques-unes :

  • Hardi
  • Tecnoma
  • Berthoud
  • Evrard
  • Ilemo
  • Caruelle
  • Nicolas
  • Seguip
  • Thomas
  • Matrot
  • Moreau
  • Herriau
  • CMC
ça fait déjà pas mal de choix, de fournisseurs à contacter, de commerciaux à rencontrer, de devis à demander, de dossiers techniques à étudier....
Alors imaginez ma surprise quand j'ai appris que toutes ces marques appartenaient au même groupe : EXEL industries ! Sur son site internet, on peut lire que chacune de ces marques :
est commercialisée par un réseau indépendant de distributeurs agréés, soigneusement formés, pour mieux réussir la vente et assurer parfaitement l’après-vente de nos machines. Cette organisation multi-marques et multi-réseaux permet au Groupe d'assurer un maillage très efficace du marché de la pulvérisation.
Le groupe concentre toutes ces marques mais aussi, et surtout, chaque marque est commercialisée par un  distributeur agréé différent pour mieux sectoriser et, comme c'est écrit, "pour mieux réussir la vente". C'est sûr qu'à "faux-choisir" entre un tecnoma ou un Hardi, la vente est assurée ! Peu importe chez qui l'agriculteur va acheter son matériel, peu importe vers qu'elle marque il préfère se tourner, peu importe à qui il donne son argent, à chaque fois, c'est dans la poche du même groupe.
On parle souvent de MONSANTO et consort, des producteurs de pesticides et autres produits chimiques polluant l'homme et la nature. Mais on oublie trop souvent ceux qui conçoivent les machines pour pulvériser ces produits. Car sans pulvé, pas de pesticides ! Je vois mal l'agriculteur asperger ses 200 hectares à la main! Surtout que comme le dit EXEL industrie :
Le pulvérisateur est l’outil de productivité par excellence. C’est l’outil le plus utilisé après le tracteur. Il sert 8 mois sur 12 pour réaliser de 4 à 20 traitements dans chaque parcelle cultivée.
Le capitalisme agricole a de beaux jours devant lui car ces machines sont de plus en plus perfectionnées, de plus en plus pointues et techniques. Le parc de matériel agricole se renouvelle rapidement et les constructeurs trouvent de nouvelles astuces pour vendre toujours plus, toujours plus vite. Aujourd'hui c'est la smart agriculture (sic). Le monde agricole est en train d'opérer sa révolution 2.0 ! Et la fracture entre agriculture vivrière, si elle existe encore, et agriculture mondialisée / capitaliste est plus que jamais cruellement présente.

Preuve en est ce numéro de mauvais goût de PowerBoost (émission sur le machinisme agricole, les gros tracteurs quoi !) qui juxtapose ces deux mondes : celui de petits producteurs de riz malgaches et celui du gigantisme et du luxe agricole.


2 commentaires:

Laurent (AMAPlaine) a dit…

En effet, les plus gros chiffres d'affaires ne sont pas celles qui vendent des engrais/semences/pesticides, mais celles qui vendent du matériel, et de loin ! Ce sont elles qui dictent (le plus) le futur de l'agriculture dans cette direction du gigantisme et du technologisme. Smart-agiculture, nous voilà ! ;-)

Laurent

Laurent (AMAPlaine) a dit…

En effet, en terme de chifres d'affaires, ce ne sont pas les vendeurs d'engrais/semences/pesticides qui sont les plus gros, mais les vendeurs de matériel, et de loin ! Ce sont eux qui dictent le tournant de l'agriculture vers le gigantisme/technologisme ... Smart-agriculture, nous voilà ! ;-)